Voilà, on est mariés !
I Les fiançailles
9h
Pour respecter les traditions de Madagascar (voir Fiançailles malgaches) il convient d’aller demander à sa famille réunie la main de sa bien-aimée. Ceci se fait selon des règles strictes et bien rodées. Nous attendons d'abord d'être invités à rentrer.
Un mpikabary (orateur traditionnel) représente le futur fiancé, et un autre la famille de la promise. Une sorte de joute oratoire s’ensuit, où les mpikabary rivalisent d’éloquence, d’humilité, et de paroles pleines de sagesse, fort appréciés du public malgache. Des enveloppes sont remises aux parents (le « vody ondry », littéralement le cul du mouton) et aux frères (le « tapo maso » ou bandeau pour leurs yeux). Ces enveloppes sont symboliques (à aucun moment, et on insiste sur ce fait) il n’est question d’essayer « d’acheter » la fiancée – toute la fortune du monde ne saurait acheter même un cheveu de sa tête – mais c’est un gage de respect, à la fois pour les parents et pour les frères. Après maintes palabres, on fait entrer la fiancée pour lui demander si elle accepte cet homme. Souvent on fait entrer d’autres jeunes filles de la famille avant, et il ne faudrait surtout pas que le futur fiancé se lève à ce moment-là s’il ne veut pas courir au désastre… Mais ici on m’a épargné cette épreuve !
Puisqu’elle a dit « oui », avec la bénédiction de tous je lui offre un bouquet dans lequel est cachée la bague de fiançailles. Elle la cherche, la trouve et je la lui passe au doigt. Un baiser est bien entendu exigé par tout le monde, et nous nous plions de bonne grâce à la vindicte populaire… Je remercie, moitié en malgache et moitié en français, et voilà, nous sommes fiancés, et le reste de la journée peut suivre son cours.
II Le mariage civil
11h
Nous nous changeons rapidement, parce que pour Mina il ne saurait être question d’être habillés de la même façon pour le mariage que pour les fiançailles ! La mairie a été décorée en bleu et blanc, les couleurs de notre choix. Suivant la coutume, la mariée rentre au bras de son père tandis que je rentre moi-même en escortant Lili, ma mère d’un jour.
Une belle cérémonie, principalement en français, s’ensuit. La mariée est très émue, comme elle l’a été tout au long de la journée. Un gentil petit cafouillage a eu lieu au moment où les témoins étaient appelés à démontrer leur parfaite connaissance des futurs mariés (mon témoin ne se rappelait pas tous mes prénoms, et le témoin de Mina, son frère pourtant, nous a domiciliés à la même adresse…) mais tout ça n’a amené qu’un bruissement de sourires et de petits rires discrets…
Nous avons été finalement mariés et embrassés par le maire et l’officière de l’état-civil. Comme a l’accoutumée, le peuple a réclamé un baiser, que j’ai donné sous le voile… Puis nous avons poursuivi le marathon…
III Le mariage religieux
12h
Pas de mariage malgache sans au moins une bénédiction religieuse. Heureusement il n’a pas fallu se changer à nouveau ! Nous avons donc foncé à l’église pour une cérémonie d’environ une heure, où des chants religieux en malgache ont été entonnés (je me suis risqué à joindre ma voix à celle de tous), les alliances ont été échangées, et des serments mi-solennels mi-spontanés ont été prononcés devant l’assemblée (une centaine de personnes). On ne m’a pas trop tarabusté sur le plan religieux – j’ai de nettes réserves par rapport à la manière dont les différents cultes d’ici sont en compétition constante, pour ne pas dire en rivalité.
Tout s’est terminé par les séances-photos traditionnelles, un abandon très bref de ma jeune mariée (mais les paparazzis veillaient et n’ont évidemment pas manqué ça !), et une courte prise de bec, heureusement sans conséquences, avant même d’avoir franchi le seuil de l’église… Enfin nous avons embarqué et salué de manière princière l’aimable peuple…
IV La fête !
13h jusqu’à tard…
On pouvait croire que les épreuves étaient terminées… Mais non ! Environ 80 personnes étaient conviées, les tables étaient réparties de part et d’autre de la scène, et nous étions tous deux sur une estrade en face de l’orchestre, tous les regards braqués sur nous. Pas question de discrètement se mettre un doigt dans le nez…
Il nous a fallu nous servir en premiers, en grande pompe, puis ouvrir le bal et mener l’afindrafindrao. Nous avons même chanté Mimozah (par exemple http://www.youtube.com/watch?v=M_gnPJAgoK4) en duo… Tout s’est terminé par des chants, des danses,… et les inévitables séances-photos !!!